Sugar Man, el Gusto, Lookin4galt – Réflexions sur une approche du documentaire, la rareté comme principe de Storytelling

Sugar Man, el Gusto, Lookin4galt - Réflexions sur une approche du documentaire, la rareté comme principe de StorytellingCopyright © Sugar Man, Lookin4galt, el Gusto

Sugar Man

Sugar Man

Après une longue absence, l'homme en sucre ne fond jamais vraiment...

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Chez 3WDOC, on avait dans les cartons cet article dont on ne savait pas trop quoi faire, des intuitions plus ou moins bien énoncées sur l’étonnant succès de Sugar Man, qui d’évidence illustre 2 concepts-clés du storytelling :

  • Le principe de rareté, peu ou pas d’exposition médiatique, du mystère, des rumeurs… bref un superbe écran de fumée qui distille avec parcimonie les apparitions ou les informations. Souvenez-vous du blair witch project, un modèle du genre qui a fait date.
  • Un scénario très christique : succès, échec, disparition puis rédemption/résurrection qui donne une grille lecture simple, à savoir Sixto Rodriguez aka Sugar Man est un héros.

C’est finalement la lecture de plusieurs dans la presse papier notamment dans le Monde ou dans le nouvel Observateur que ces réflexions ont été remis en selle sur le storytelling. On a donc décidé de l’étoffer car il nous a semblé que ces principes, enoncés plus haut, sont très appliqués sur le web avec toute ces vérités soit disant révélées. Bien sûr, pour des raisons de santé mentale, on se tiendra à l’écart des véritables Hoax ou des délires complotistes.

On a sélectionné un certain nombre de documentaires qui jouent sur la rareté, qui mêle la nostalgie consubstantielle à la musique à notre désir profond de permanence :

  • Sugar Man, que nous n’avons pas vu mais dont nous pouvons suivre le phénomène.
  • Le remarquable el Gusto, qui nous touche au-de-là du raisonnable, comme les chansons de Lili Boniche. Quand on aime la musique orientale, on l’aime pour toujours.
  • L’excellent lookin4galt pour ceux qui aiment le Hip-Hop sur la personnalité énigmatique et talentueuse Galt MacDermot, maitre de Broadway dans les années 70’s (la musique de Hair, c’est lui), samplé comme nul autre depuis, si peut-être James Brown.

Et si on disait qu’on avait une explication globale du monde, du storytelling et de l’homme en général.

La rareté comme vecteur de médiatisation ?
La dictature du présent et une transparence permanente ne sont-ils pas un facteur d’abrutissement et d’inculture alors que la culture est une affaire de temps, avec un passé notamment, de mystère et de sacré. Tout bien réfléchi, ces 3 documentaires jouent à fond la carte de la dévotion, d’un sens qui nous serait enfin révélé. On est en droit de se demander si la raréfaction en lieu et place de la surexposition est un principe qui va s’imposer comme pilier du storytelling ? Puisque tout semble inféodé au marché, le priceless, oeuvre du temps, n’est-il la forme ultime de communication dans une société post-capitaliste et post-moderniste. A méditer.

El gusto

El gusto

Tout ce qu'il y a sans doute de meilleur de l'Algérie du temps où elle était française, loin de de toutes considérations politiques. Une incroyable charge émotionnelle.

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Une fiction de confiance ou une confiance dans la fiction *
Nos sociétés semblent être dans une demande constamment renouvelée de fiction or ces documentaires sont aussi des fictions ! Si on entend la fiction comme vecteur d’un récit, de héros… Ces documentaires redonnent, à tort ou à raison, espoir et confiance dans le triomphe de l’intégrité, de la persévérance, d’une certaine grandeur dans des destins à priori anonymes, de la beauté de l’authentique de ces “vies minuscules” à l’opposé de l’apparence, des paillettes et du strass en un mot de la société du spectacle ! Mais, c’est aussi une fiction et reste-t-elle digne de confiance ? On laisse la question ouverte sans avoir la réponse parce que cela polémique un peu sur les accommodements notamment de Malik Bendjelloul, l’auteur du documentaire sur Sugar Man sur la bio de Sixto Rodriguez aka Sugar Man, mais qui s’en soucie vraiment. Il semble plus pertinent de voir dans ces 3 documentaires, non un art consommé du storytelling mais plutôt cette vérité toute nue : l’homme est le seul à enterrer ces morts et à les faire revivre par le récit, la fiction, le mythe ! C’est un signe de confiance indéniable que nous sommes toujours des êtres humains puisque nous y sommes sensibles !

* l’inversion est un truc bien, c’est Patrick Rambaud qui a montré l’exemple avec son mémorable : Il faut virer de bord, Debord il faut virer

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