On a avait vu dans notre article précédent sur Manipulations que Upian utilisait à plein cette combinaison d’un Framework Actionscript, dans la philosophie de Gaia Framework, et que la plupart des données étaient stockées dans du .xml
mais surtout du .json
. On voit donc clairement un modèle de production et de développement pour le Webdoc à défaut de modèle économique mais l’un n’ira pas sans l’autre ! La clé d’un bon workflow de production serait donc un framework de production en ActionScript couplé à du JSON/XML pour la gestion des données. Cette tendance est d’ailleurs vraie dans le développement de webdocumentaire en Flash/Flex mais va bien au-de-là, que vous fassiez par exemple du PHP ou du RoR (Ruby on Rails). A première vue, c’est la garantie d’une plus grande souplesse dans la gestion des données et la possibilité de réutiliser des développements antérieurs, le principe DRY en quelque sorte (Do not Repeat Yourself), pour des développement plus agiles, le tout bien sûr au service des créateurs et de la narration. Toute personne qui s’intéresse au développement de webdocumentaire sous Flash/Flex devrait clairement si intéressée ainsi que ceux qui font du HTML5 !
On ne s’attardera pas sur le format XML, déjà très répandu et utilisé, mais plutôt sur l’entrée remarquée du JSON. Pourquoi ? Utiliser du JSON, c’est tirer profit d’un format qui permet :
On voit que ce qui se fait de mieux en France, Upian pour ne pas les citer ou ONF au Canada, développe un savoir-faire tout à faire similaire. Une tendance à suivre de près donc.
Extrait du fichier projects.json
pour troustory
{ "title": "Écologie Sonore", "deeplink": "ecologiesonore", "src": "ecologiesonore/main.swf", "baseURL":"ecologiesonore", "screenshot": "screens/ecologie_sonore_browse.jpg", "summary": "Un documentaire web qui pose le problème croissant de la pollution sonore en soulevant, en trame de fond, notre incapacité à soutenir le silence. Parcours en ville, en banlieue, en nature et en ermitage.", "credits1": "En collaboration avec Toxa", "credits2": "", "listCredits": "En collaboration avec Toxa", "creditSort": "Toxa", "date": "2010-06-13", "altLang" : "", "storyOrder": 2, "showLoaderText": false, "fullScreenPreview": true, "external": false, "target": "_blank" }, |
Extrait du fichier projects.json
de bear71
{ "title": "Main Street", "deeplink": "mainstreet", "src": "mainstreet/main.swf", "baseURL": "mainstreet", "screenshot": "screens/mainstreet.jpg", "summary": "The inclination is to keep your foot on the gas and drive on by. But this time slow down, turn off the highway, and take the only road into town.", "credits1": "Photos by Danny Singer", "credits2": "", "listCredits": "Photos by Danny Singer", "creditSort": "Singer", "date": "2010-06-09", "altLang": "", "storyOrder": 2, "showLoaderText": false, "autoHideTopBar":false, "fullScreenPreview": true, "external": false, "target": "_blank" }, |
Extrait du fichier config.xml
de bear71
<?xml version="1.0" encoding="UTF-8"?> <xml> <title><![CDATA[Bear71]]></title> <shareurl><![CDATA[http://bear71.nfb.ca]]></shareurl> <links> <link><![CDATA[About]]></link> <link><![CDATA[Read The Story]]></link> <!-- <link><![CDATA[Replay The Story]]></link> --> <link><![CDATA[Credits]]></link> </links> <twitter><![CDATA[NFB/Interactive: Bear 71 http://bear71.nfb.ca]]></twitter> <digg><![CDATA[NFB/Interactive: Bear 71 http://bear71.nfb.ca]]></digg> </xml> |
Extrait du fichier ts_map.xml
de troustory
<?xml version="1.0" encoding="utf-8" ?> <data> <gmapkey>ABQIAAAAMxLm1f-m0sr8lertLvw8chTfQgm3XfI5kMg3Ngd9RnKtLCA3dxS3oWY7bVNZkIDcd3L0tVT23AoF9w</gmapkey> <itemList type="mines actives"> <item> <title><![CDATA[Canadian Malartic]]></title> <entityName><![CDATA[Osisko]]></entityName> <resources><![CDATA[Or]]></resources> <superficie><![CDATA[230 km²]]></superficie> <mineType><![CDATA[À ciel ouvert]]></mineType> <description><![CDATA[La production commerciale a débuté le 19 mai 2011. Réserves prouvées et probables: 10,7 millions d'onces d'or. La teneur en or moyenne oscille entre 3 et 6 grammes par tonne]]></description> <photo><![CDATA[]]></photo> <latitude>48.122101</latitude> <longitude>-78.10554</longitude> </item> <item> |
3WDOC : “Qu’est-ce qui t’a le plus plus dans ces productions d’un point de vue narratif, éditorial ou technique ?”
Charles Ayats : “Sur Trou Story c’est d’abord le travail de finition de l’interface qui m’a marqué. La cohérence graphique qui favorise l’immersion bien sûr mais aussi le fil d’Ariane visible, les barres de chargement imagées et les boutons slider qui guident l’internaute dans la narration tout en illustrant l’avancée des travaux miniers.
Plusieurs couches d’information se superposent et réclament à l’internaute une attention particulière : par mon action de creuser, j’avance dans la problématique, j’observe en parallèle le coût engrangé par mes extractions, et plus je creuse plus les revendications des habitants m’interpellent, je me questionne, je veux en savoir plus…
Le tout savamment mise en scène par des affordances visuelles toujours justifiées. On ne clique pas pour accéder au contenu, on clique pour faire avancer le récit, et satisfaire sa curiosité.
Bear71 m’a subjugué par la force de son minimalisme. Tout le monde utilise la cartographie aujourd’hui mais bien trop souvent comme un menu supplémentaire pour accéder aux contenus, et non, comme ici, pour servir le propos de l’auteur.
Cette traque de l’ours sur ce territoire assiégé amène à penser que la présence humaine (réelle) interfère avec le monde sauvage.
Comme l’ensemble des productions multimédia de ONF, l’atmosphère est travaillée, les détails peaufinés (bande son, intro, voix off,…), l’internaute découvre un univers, l’appréhende et l’arpente.”
3WDOC : “Quels peuvent les apports du jeu à l’univers du webdocumentaire ?”
Charles Ayats : “Certaines composantes des jeux vidéo peuvent en effet intensifier l’expérience webdocumentaire, si elles se justifient dans la conception du projet.
Les webdocumentaires ont besoin d’être singulier mais facilement accessible pour répondre aux nouvelles audiences : les connectés qui papillonnent et les intéressés technophobes, pour schématiser grossièrement.
Les jeux vidéo (et globalement les IHM) designent depuis leur création l’exposition des contenus aux interacteurs. Le premier point est de rendre intuitive la navigation de l‘internaute : plus de feedback visuels pour accompagner la progression dans l’expérience, justifier chaque clic par une résultante, le spatialiser et le temporaliser dans l’œuvre pour qu’il puisse prendre ses repères et adopter l’environnement et les règles qu’on lui impose.
Introduire des boucles de gameplay dans la proposition narrative peut être efficace pour faire respirer l’internaute dans son assimilation de connaissance, et le persuader de rester (pour en apprendre d’avantage, pour avoir la satisfaction de remporter les challenges, etc…)
Venir et picorer des contenus délinéarisés n’est plus satisfaisant. Il faut proposer des expériences singulières et autonomes, et même pervasives pour donner la sensation que l’internaute à une responsabilité dans le récit.
Le jeu vidéo peut apporter beaucoup plus à l’univers du webdocumentaire s’il est compris comme une nouvelle forme de médiation. Non plus comme un outil auquel on extrait les mécaniques pour les greffer à une autre forme mais comme une grammaire à part entière. Il faut pour çà incorporer les éléments du documentaire (contenu et intention de l’auteur) dans le gamedesign. Les newsgames sont une bonne voie d’expérimentation pour progresser dans ce sens.”
3WDOC : “Sur quoi travailles-tu en ce moment ? Un nouveau projet avec Benoit Cassegrain (www.web-reporter.net, @webreporters), une suite de Goudou Goudou ?”
Charles Ayats : “Pour l’instant il n’est pas prévu de suite car le projet global se termine seulement ; la partie formation de jeunes journalistes haïtiens vient de se terminer. Si le temps nous à manquer pour travailler la mise en forme coté webdoc, la transmission de compétence (formation multimédia par @Agashya, @elodievialle, @Yallahweb) a bel et bien eu lieu.
Je pense que les webdocs ont tout intérêt à titiller l’intentionnalité de l’internaute, sur tous les fronts : de l’entraide participative via le crowndfunding, l’engagement éthique, le spectateur comme interacteur narratif, l’activisme comme finalité au retour d’expérience.
Benoit a plusieurs projet en cours (qu’il viendra présenter ici j’espère 😉 dont Asian Project par lequel a débuté notre rencontre, qui verra le jour…lorsque nous trouverons un peu de temps.
En ce moment j’officie sur Type:Rider, un docugame porté sur l’exploration et la compréhension de la typographie. C’est l’un des deux projets qui émergera de la première promotion en “Interactive Digital Expériences” de l’école des Gobelins (http://ide-edu.net/).
En parallèle plusieurs projets mijotent, dont l’adaptation sur support tactile d’un livre pour enfant écrit par un proche. Il y a un tel gap entre les jeux de la Nintendo DS et les PDF faussement interactif… Dernièrement “l’Homme Volcan” m’a déçu par son manque cruel d’interactivité malgré un univers magnifiquement dépeint par Mathias Malzieu de Dyonisos.
Comprendre comment les affordances du tactile enthousiasment les enfants me semble un foyer intéressant pour mieux solliciter les adultes non technophiles à s’immerger dans des webdoc.”
3WDOC : “Que souhaites-tu pour le webdocumentaire pour l’année 2012 à venir ? ”
Charles Ayats : “Que les formes soient les plus diversifiées possibles d’un côté, un webdoc le plus indépendant et créatif possible, et de l’autre que le plus grand nombre est la possibilité de s’exprimer de cette façon, des plateformes & outils de plus en plus accessibles.”
Un grand merci à Charles Ayats pour sa disponibilité et de nous avoir soufflé à l’oreille l’existence de ces deux productions.
Alberta, Canada
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