The Brussels Business Online (TBBO) – Une expérience de démocratie interactive et participative

The Brussels Business Online (TBBO) - Une expérience de démocratie interactive et participativeCopyright © brusselsbusiness.arte.tv

L’exercice était périlleux en effet en ces temps où l’indifférence à la politique européenne ou nationale le dispute à la démagogie, au populisme voir à une franche défiance ou une colère quasi pré-révolutionnaire, il était assez salutaire et audacieux de tenter un réenchantement de la politique, qui plus est pas de n’importe quelle politique, celle européenne*. Politique dont les enjeux ardus paraissent si lointains et nébuleux aux citoyens que nous sommes. C’est pourtant la gageure que tente et réussit ce dispositif de démocratie participative et interactif “The Brussels Business Online (TBBO)”, créé par Jamie Balliu et Matthieu Lietaert, co-produit par ARTE, Kids Up Hill, Not So Crazy, Up Creative et la ZDF. TBBO, par son dispositif astucieux, vous plonge littéralement au coeur de la “chose” politique, non pour vous y perdre mais pour vous y retrouver en tant que citoyen de l’UE sur les questions essentielles discutées et votées au Parlement Européen et au sein des conseil des ministres.
Cette expérience de démocratie directe est un véritable “risorgimento” des valeurs démocratiques et européennes, pied de nez au discours technocratique ou “eurocratique”, qui tord le cou à notre prétendue incompréhension des enjeux qui nous dépassent ou enfin au discrédit qui entache nos gouvernants. The Brussels Business Online (TBBO) est sans doute un des remèdes indispensables pour revitaliser le débat atone sur la nécessité politique de l’UE que l’on soit eurosceptique ou europhile.

* C’est presque aussi saugrenu que si on faisait une comédie musicale sur la politique des montants compensatoires de la PAC

split screen, vote et videos

Pour parodier le titre du premier film de Steven Soderbergh (Sexe, Mensonges et Vidéo), il nous a semblé que l’un des procédés les plus intéressants du dispositif TBBO est l’usage du “split screen” à la manière des témoignages dans Gaza et Sderot.
Vous avez sur chaque sujet les pros* et les cons** (de *pro « pour » et de **con « contre »). C’est simple, digeste et remarquablement efficace puisque vous avez une mise en abime de 2 points de vue différents sur la même question. A voir donc.

Pour les plus assidus, ce dispositif est doublé d’un film documentaire “The Brussels Business” de Matthieu Lietaert et Friedrich Moser.

Le mot des auteurs du projet TBBO

The Brussels Business Online (TBBO) est une plateforme interactive & participative qui vous permet d’intervenir directement dans les affaires de l’Union européenne ! Nouvel outil démocratique, TBBO vous ouvre les portes du Parlement européen avec, chaque semaine, une thématique inédite, et vous permet d’en apprendre plus sur les décisions de vos représentants européens. Entrez dans la forteresse : prenez-part au business de Bruxelles!

The Brussels Business > a aujourd’hui sa version web, interactive ! Son but ? Répondre à un des plus grands défis de l’Europe d’aujourd’hui : créer un lien avec le citoyen. Les internautes peuvent suivre, jour après jour, les grands débats abordés au Parlement européen pendant huit semaines. Ils ont l’occasion, eux aussi, de voter en temps réel, de débattre et de découvrir ce qui se cache derrière cette bulle européenne.

Le concept de cette plateforme interactive est simple : créer une expérience courte et instinctive autour d’une question débattue et votée au Parlement européen. Deux lobbyistes sont confrontés l’un à l’autre. Le citoyen s’informe et vote pour l’argumentation la plus convaincante. Il peut ensuite entrer en contact avec son eurodéputé et faire entendre sa voix. Ce projet vise à créer un vrai dialogue. Bruxelles est aujourd’hui enlisée dans un déficit démocratique et n’arrive pas à en sortir.

Pendant 8 semaines, une équipe de journalistes est basée au coeur du Parlement européen et vous propose d’enrichir le débat à l’aide d’articles, de vidéos de lobbyistes, d’interviews, de photoreportages, etc.

Source : http://brusselsbusiness.arte.tv/fr/about

En complément, 3WDOC vous livre une interview croisée de Matthieu Lietaert (@notsocrazyprod), un des auteurs de Not So Crazy et des producteurs Eléonore Lamothe (@Kidsuphill) et Mathieu Détaint (@Kidsuphill) de Kids Up Hill.

L’interview croisée sur le projet The Brussels Business Online (TBBO)
@BXL_BIZ

  • 3WDOC : “Compte tenu de l’ampleur du dispositif, depuis combien de temps travaillez-vous le projet ?”

    Mathieu Détaint (Kids Up Hill) : “Les auteurs (Matthieu Lietaert et Jamie Balliu) nous ont contacté il y a plus de deux ans avec des idées déjà bien avancées sur un dispositif interactif. Comme toujours, le projet final a bien changé par rapport à ces idées initiales et c’est donc un long temps de réflexion qui a permis d’aboutir à la sortie de The Brussels Business Online (TBBO). Mais aussi, le fait d’être sur une coproduction internationale avec beaucoup d’acteurs, et d’être liés à un film qui répond à des obligations de diffusion et d’exploitation particulières nous a fait prendre plus de temps avant de pouvoir lancer la production.”

  • 3WDOC : “C’est un projet pan-européen impliquant des diffuseurs, des auteurs et des contributeurs de tous les pays de l’UE, dites-nous en un peu plus sur la conduite de ce projet ?”

    Mathieu Détaint (Kids Up Hill) : “Les acteurs sont nombreux en effet. Initié par deux auteurs, Jamie Balliu (également directeur artistique de TBBO) et Matthieu Lietaert (également chargé de la coordination éditoriale de TBBO), ce programme a été coproduit par Arte France, Arte Allemagne, la ZDF, Kids up hill (producteur délégué), Not so crazy (la société de Matthieu, basée à Bruxelles), Up creatives (la société de Jamie, basée à Londres) et a été soutenue par Martin Stiksel (le fondateur de Lastfm), la fédération Wallonie-Bruxelles, le Ministère des Affaires étrangères et la Commission Européenne.
    La production a d’abord permis de mettre en place la plateforme, développée par 4 personnes, puis, à sa mise en ligne, une équipe a été mobilisée pour la faire vivre : Matthieu Lietaert et Gil Lejeune à Bruxelles, accompagnés d’un cadreur pour les tournages et assistés par 5 étudiants de l’IHECS. Un monteur et une chargée de production à Paris. Un directeur artistique et un assistant designer à Londres. Trois journalistes community managers (francophone, anglophone, germanophone) pour animer les réseaux sociaux et les débats sur la plateforme et un étudiant de l’ESJ qui a notamment produit les infographies. A cette équipe s’ajoute les équipes d’Arte et les retours des partenaires médias du projet.”

  • 3WDOC : “L’ambition de TBBO au-de-là du dispositif, était-elle à la fois de rendre tangible les problématiques de la politique européenne et de fait de revaloriser la valeur politique de l’UE ?”

    Matthieu Lietaert (Not So Crazy) : “L’ambition à l’origine était en effet d’informer et d’ouvrir la “boite noire” qu’est le quartier européen pour tous les citoyens: quels sont les dossiers sur lesquels les eurodéputés que nous élisons, votent chaque mois? Tôt ou tard, ceux-ci auront un impact sur nos vies! Toutefois, informer n’était pas le but final. Nous voulions vraiment lancer un message sur le fait que la crise de légitimité à Bruxelles (40% de participation aux élections 2009) nécessite d’impliquer les citoyens plus fréquemment que… une fois tous les cinq ans! Nous voulions mettre la pression de manière hebdomadaire sur nos élus et rendre la politique ‘made in Brussels’ plus accessible et plus participative.”

  • 3WDOC : “Les personnes interviewées étaient-elles parfois réticentes à parler ?”

    Matthieu Lietaert (Not So Crazy) : “Nous n’avons eu aucun problème à trouver des lobbyistes et tous ont apprécié participer à cet exercice de communication en… 90 secondes! Tous ont trouvé l’exercice fort utile.”

  • 3WDOC : “Comment s’est imposée la mise en abime des questions ?”

    Matthieu Lietaert (Not So Crazy) : “Pour les thématiques traitées, nous nous sommes basés sur ce qui était au coeur des débats dans le quartier Européen. Notre équipe de journalistes prenait la température en temps réel et puis nous décidions de la thématique de la semaine avec les producteurs et ARTE.”

  • 3WDOC : “Sur quels projets travaillez en ce moment ?”

    Mathieu Détaint (Kids Up Hill) : “Entre autres “Sur les Traces de Corto Maltese” (titre provisoire) que nous produisons pour le web et les tablettes avec France TV et Casterman. Nous avons confié à Lexis Numérique la réalisation de ce programme interactif. Et puis “Les cavalières de l’apocalypse” de Camille Ducellier, une oeuvre entre documentaire et démarche plasticienne autour de la métamorphose de soi qui se concrétisera par une quête interactive et une oeuvre radiophonique.”

  • Un grand merci à Matthieu Lietaert, Eléonore Lamothe et Mathieu Détaint pour leur disponibilité.

Quelques écrans de “The Brussels Business Online (TBBO) “

Bruxelles, nouvelle Babylone ou Sodome et Gomorrhe ?

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