Pelerin.info, webdocumentaire interactif – Les pionniers de Compostelle

Pelerin.info, webdocumentaire interactif  - Les pionniers de CompostelleCopyright©www.pelerin.info

On vous laisse découvrir cette production entièrement faite à l’aide de 3WDOC par l’équipe du pelerin.info sur plusieurs générations de pèlerins de l’un des pèlerinages les plus courus, celui de Compostelle. Cela nous donne à voir, à hauteur d’homme, les motivations, l’environnement de toutes celles et ceux qui ont entrepris ce périple.

Périple qui semble marquer irrémédiablement ceux qui l’entreprennent, entre “Chemin de Damas” et “Chemin de croix” pour certains. Chez 3WDOC, on se range prudemment derrière ce proverbe tibétain qui énonce que “le bonheur n’est pas au bout du chemin, c’est le chemin qui est le bonheur”, à n’en pas douter en découvrant ce webdoc.

En complément, 3WDOC vous livre une interview croisée de Gilles Donada (@GDnet, @pelerininfo), Chef de service web pelerin.info et de Marianne Rigaux (@mariannerigaux, @Parole2roumains)

Une interview croisée de Gilles Donada et Marianne Rigaux

Gilles Donada (@GDnet, @pelerininfo), Chef de service web pelerin.info, Marianne Rigaux (@mariannerigaux, @Parole2roumains), auteur de webdocumentaire / pigiste multimédia / intervenante à l’ESJ Lille, ont été à la manœuvre pour la création de webdoc “Les pionniers de Compostelle”. Ils nous livrent leur retour d’expérience et leur vision du monde du webdoc dans son ensemble dans une interview croisée.

  • 3WDOC : “Comment vous est venu de faire un webdocumentaire sur la pèlerinage de Compostelle ?”

    Marianne Rigaux : “On est en mai 2011, je viens de publier mon premier diaporama sonore sur pelerin.info. J’avais réalisé un reportage au Puy-en-Velay, le point de départ du chemin de Compostelle, sur une commande de Gilles. C’était notre toute première collaboration et Gilles était très content du résultat. Il me propose alors de couvrir un rassemblement dans le Gers les 18 et 19 juin, pour faire un diaporama sonore. Au téléphone, j’entends “pigeonniers de Compostelle”… Je ne comprends rien au sujet et de toute façon je ne connais rien à Compostelle ! Evidemment, c’était les “pionniers de Compostelle” et j’ai découvert là bas l’histoire du pèlerinage à St Jacques.”

    Gilles Donada : “L’idée s’est imposée en discutant avec Marianne et Muriel Fauriat, du service édition de Pèlerin, qui étaient parties en reportage près d’Auch, en juillet dernier à l’occasion des 50 ans du départ en pèlerinage vers Compostelle de l’abbé Bernès. La plupart des pionniers que nous voyons dans le webdoc y étaient et c’est là qu’ils ont été filmés. Nous avons publié les portraits en série d’été dans le magazine (on les retrouve dans les onglets “portraits à lire”), accompagné d’un diaporama sonore de Marianne sur l’abbés Bernès (à visionner dans la rubrique Bonus). Nous avons vraiment apprécié la façon dont Marianne, qui ne connaissait rien à Compostelle, s’est approprié le sujet et la manière dont elle l’a rendu avec proximité, bienveillance, vivacité. Nous avions très envie de prolonger la rencontre avec ces pionniers de façon multimédia car l’écrit ne peut pas rendre l’expression d’un visage, un grain de voix, un accent…
    Je n’ai pas eu de mal à convaincre la direction de la rédaction de se lancer dans le projet d’un webdoc car Compostelle fait partie de l’ADN du titre Pèlerin. L’actualité du chemin alimente la rubrique bimensuelle du magazine, tenue par la spécialiste Gaële de La Brosse ; nous publions chaque année un hors-série réactualisé intitulé “Compostelle, l’appel du chemin” ; sur le site nous avons un agenda et un guide très développé sur le Camino dans notre rubrique Chemins de pèlerinage. Saint-Jacques revient souvent dans mes billets publiés sur le blog des marcheurs et dans ma chronique radio sur RCF chaque lundi matin.
    Dernière motivation, plus personnelle celle-là : je suis moi-même en train d’effectuer à pied, par étape, le chemin de Compostelle avec un ami d’enfance depuis 2006. Nous marchons une à deux semaines par an ensemble… Ceux qui ont fait le chemin d’une traite à une époque où il n’y avait ni balisage ni hébergement forcent mon admiration !”

  • 3WDOC : “Pour un groupe de presse comme Bayard, pourquoi est-ce important de s’initier à ce type de production multimédia et enrichie ?”

    Gilles Donada : “Parce qu’un journal ou un magazine papier ne suffisent plus à combler l’appétit et la curiosité d’un lecteur du XXIème siècle. Les usages de nos publics (jeunes, chrétiens et seniors) ont évolué, ils passent de plus en plus de temps sur les nouveaux supports (tablette, mobile et plus seulement ordinateur et télévision) pour apprendre, s’informer, échanger et se distraire. Nos titres doivent les accompagner dans ces nouveaux territoires en adaptant leurs contenus et leurs modes de narration en fonction de chaque support, car chacun d’entre eux offre une expérience de lecture différente.”

  • 3WDOC : “En quoi le choix de la solution de 3WDOC vous a semblé intéressant ?”

    Marianne Rigaux : “Au départ, c’est moi qui devait gérer l’intégration du webdoc avec un outil de “développement maison”. J’ai donc montré à l’équipe de Pèlerin plusieurs réalisations faites avec Wix, 3WDOC et Klynt. Le choix s’est porté assez vite sur 3WDOC avec l’argument du HTML5 et l’exemple plus que convaincant de La nuit oubliée. En plus je connaissais déjà un peu l’équipe, le back office, la logique du studio, on s’est dit que ce serait la solution la plus pratique, économique et ergonomique.”

    Gilles Donada : “3WDOC offre deux atouts. Le premier, il est développé en HTML5. Dès le départ, nous voulions que notre webdoc puisse être lu sur une tablette iPad. Nous voulions, à notre façon, être des pionniers en nous mettant dans un format qui va se généraliser sur le web. Deuxième atout : la possibilité, pour la rédaction, de prendre, elle-même, en main l’outil afin de développer des projets en lien avec le print.”

  • 3WDOC : “Avez-vous chez Bayard l’intention de renouveler ces expériences de narration enrichie en y associant l’ensemble des redactions du groupe ?”

    Gilles Donada : “Avec sa tradition de créativité et d’innovation éditoriale, Bayard est très intéressé par ces nouveaux modes de narration. Cet intérêt se décline de façon différente en fonction des titres et des publics.
    A Pèlerin, nous expérimentons, un peu comme dans un laboratoire, de nouvelles formes de narration textuelles, visuelles et multimédia. Dans le magazine, nous avons une rubrique “Récit” dédiée au journalisme narratif et une autre, “Grand angle”, tournée vers le photoreportage. Nous avons développé une thématique (dans le magazine et bientôt sous forme de hors-série) dans le domaine du patrimoine intitulé “Les cathédrale vues du ciel”. Nous travaillons avec un photographe, Stéphane Compoint, qui prend ses clichés à partir d’un appareil suspendu à petit ballon dirigeable télécommandé !
    Sur le web, j’investis dans le format du diaporama sonore. Nous en avons aujourd’hui plus d’une quarantaine, produits en interne, mais aussi en externe avec des journalistes freelance comme Marianne. Ce format narratif court (3’30 mn maximum) est un moyen d’expression puissant : il conjugue la force de l’image à celle des sons et de la voix humaine. Mais tous les sujets ne peuvent pas être traités sur ce mode. Nous cherchions un outil pour développer des narrations multimédia à géométrie variable dont nos graphistes, iconographes, rédacteurs et journalistes multimédia puissent se saisir pour décliner nos sujets sur le web…”

  • 3WDOC : “Parles-nous de tes projets notamment de ton projet de webdocumentaire “Stigmatisés : Paroles de Roumains”

    Marianne Rigaux : “Le hasard du calendrier fait que je vais sortir un second webdocumentaire un mois exactement après Les pionniers de Compostelle! Il s’agit de “Stigmatisés : Paroles de Roumains” et ça fait un an et demi que nous travaillons dessus avec mon co-auteur Jean-Baptiste Renaud. Ca parle de la stigmatisation des immigrés roumains en France à travers un programme participatif auquel chacun peut contribuer sur Dailymotion. C’est un tout autre autre modèle économique, car pour ce projet la volonté ne vient pas d’un diffuseur, mais de nous auteurs, qui avons d’abord convaincu une société de production (Coogan, dirigée par Mihai Zamfirescu).
    Le projet s’étire sur beaucoup plus longtemps que celui pour Pèlerin puisque nous sommes entrés dans une logique de financement externe via des subventions (CNC, Commission européenne, Images de la diversité) dont les réponses prennent toujours beaucoup de temps! Heureusement, elles ont été positives et le budget ainsi levé nous permet de payer correctement un monteur, un graphiste, un développeur, notre producteur et nous !”

  • 3WDOC : “Parles-nous un peu des formations que tu dispenses à Paris et à Lilles ?”

    Marianne Rigaux : “Trois mois après ma sortie de l’ESJ Lille en juin 2010, je suis retournée à l’école, comme formatrice en diaporama sonore. L’ESJ recrute souvent parmi ses anciens élèves, notamment pour ce qui touche au web et nouvelles technologies. J’assure depuis une session par an à Lille, mais je donne aussi des formations dans les locaux parisiens de l’école, cette fois avec les journalistes déjà en poste. Depuis, j’ai aussi commencé à intervenir sur le webdocumentaire, toujours pour l’ESJ, mais également à la Sorbonne et à l’école de journalisme de Grenoble. Donner des formations dans notre profession est, je trouve, très valorisant et valorisé. Et puis ça fait réfléchir à sa propre pratique.”

    Gilles Donada : “Je vais partager notre expérience des Pionniers de Compostelle à l’EMI CFD et au CFPJ durant le mois d’avril. Notre particularité, c’est d’avoir choisi de développer ce webdoc en faisant appel aux compétences internes (sauf pour l’intégration qui a été réalisée par l’agence 3WDOC), en impliquant des membres de la rédaction : direction artistique, services édition, maquette et iconographie. C’est à travers des projets comme celui-ci que la culture narrative numérique peut imprégner au fur et à mesure la rédaction et l’amener à penser, dès le départ, ses sujets sur le print et sur le numérique.”

  • 3WDOC : “Pour cette année en cours, donnez-nous un ou deux projets qui vous ont plu dans la domaine du webdocumentaire et du digital storytelling ?”

    Marianne Rigaux : “Dans ce qui m’a marqué récemment, il y a Happy World sur la dictature en Birmanie. Parce que “ça pue le web” comme dirait son producteur Alexandre Brachet. Tout y est : un format efficace et pédagogique, les liens contextuels paramétrables, la possibilité d’embedder le webdoc par qui veut et gratuitement, un modèle de diffusion qui repose sur une licence creative common, du crowdfunding, un dispositif de viralité sur Twitter… Les internautes et les diffuseurs pouvaient vraiment s’emparer de l’objet. Et puis sur le fond, le sujet était top. Ce qui est le point de départ évidemment.
    Autre réalisation qui m’a marquée, mais du tout pour les mêmes raisons, c’est A l’abri de rien. Je crois pas qu’on puisse vraiment parler de webdoc, mais plutôt de “radio avec des images”. Mais peu importe, il a une qualité évidente : c’est son aspect immersif. Pour moi c’est l’un des critères les plus importants pour une narration interactive. Qu’il emmène l’internaute dans un univers, grâce au graphisme, à l’environnement sonore, au fil rouge de la narration. Je le montre souvent en formation et à chaque fois tout le monde est hypnotisé.”

    Gilles Donada : “Dans le domaine du diaporama sonore, j’ai eu le coup de foudre pour le portrait du marin pêcheur Erwan, réalisé par le photographe Théophile Trossat. Le travail sur le son, la photo, le montage sont d’une incroyable variété et d’une très grande force d’expression. J’ai reçu une vraie claque ! Concernant le webdocumentaire, j’ai apprécié Notre-Dame du Net. On partage la vie de religieuses dans la zone normalement interdite au public (la clôture), cela se retrouve dans la navigation à partir d’un plan interactif du monastère. De plus, ce fut manifestement une belle rencontre humaine entre les journalistes et les soeurs. Dans un autre genre, j’ai été impressionné par l’expérience de codebarre.tv, avec sa navigation dépaysante, son travail sur l’ambiance sonore, ses innovations techno (scanner un code barre avec sa webcam), sa dimension participative (poster une photo de son objet et le commenter) et ses déclinaisons sous forme d’appli, de blog, et sur les réseaux sociaux. Bref, c’est l’expérience totale.”

  • 3WDOC : “Que souhaitez-vous pour le webdocumentaire pour l’année 2012 ?”

    Marianne Rigaux : “Un modèle économique! Mais ça, ce ne sera pas encore pour 2012! Je pense que Gilles est sur la bonne voie avec un projet comme les Pionniers de Compostelle. C’est à dire une volonté qui vient d’un diffuseur, une équipe avec de l’interne et de l’externe, un petit budget, beaucoup de motivation. Avec ce webdocumentaire, Pèlerin va donner des idées à d’autres titres. Je souhaite surtout que ce genre de production “courte” (moins de neuf mois) puissent se multiplier, au rythme d’un an à deux par an dans chaque média. Ce serait déjà un progrès.”

    Gilles Donada : “Je souhaite que les rédactions ne réagissent plus au mot webdoc en disant “c’est trop cher”, “c’est trop compliqué” et “ce n’est pas pour nous”. Que chaque rédaction, forte de la connaissance de son public et de ses talents en interne, ose se lancer sur des projets à sa mesure (humaine et financière). La narration non-linéaire et multimédia est une telle source de renouvellement et de plaisir pour notre métier de journaliste !”

  • Un grand merci à Gilles Donada et Marianne Rigaux pour leur disponibilité.

    Saint-Jacques-de-Compostelle, Galice, Espagne

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